jeudi 14 avril 2016

S'inspirer du vivant pour apprendre à s'adapter ?


Une goutte d'eau sur une fleur de lotus
De nouvelles disciplines scientifiques se généralisent aujourd'hui comme le biomimétisme (processus d'innovation qui s'inspire du vivant)  pour permettre aux entreprises d'innover et de développer de nouvelles technologies ou de nouveaux services. Le biomimétisme est une discipline qui tend à considérer le vivant comme modèle d'enseignement et non plus comme une ressource à exploiter. Par exemple, les parois de douche, les fenêtres auto-nettoyantes ont été créées grâce à la découverte de "l'effet lotus". Le lotus dispose de capacités autonettoyantes, en s'écoulant, les gouttes d'eau emportent avec elles les poussières et particules. 

L'article présente comment les sciences du vivant peuvent devenir des véritables opportunités d'innovation, de développement ou d'amélioration pour les entreprises et le secteur des services.


(c) Photo : Séverine CHARLON

Appliquée à la sphère économique, chaque entreprise peut être considérée comme un système vivant opérant au sein d'un écosystème. À l'intérieur de l'entreprise, comme dans un organisme multicellulaire, chaque membre est lui-même attentif à cet écosystème. Dans cette organisation, chaque membre / collaborateur apprend les uns des autres.

Ce type d'organisation basée sur la transmission culturelle et le partage des savoirs entre les membres de ce système, traduit l'émergence du vivant en tant que facteur d'innovation. C'est ce qui assure le développement pérenne de l'organisation et sa capacité à s'adapter de manière permanente à l'environnement.



Les enseignements de DARWIN appliqués à la sphère des entreprises

Pour la plupart des personnes, les enseignements de Darwin se limitent à "l'évolution des espèces vivantes" et au principe de "sélection". Il est souvent associé à des notions comme "éliminer, écraser l'autre". Or Darwin est au contraire porteur du concept d'adaptation. 

Selon Pascal PICQ, anthropologue au Collège de France, les enseignements de Darwin deviennent aujourd'hui précieux pour comprendre ou pour réapprendre à s'adapter aux évolutions de notre économie. 

En quelques mots, les enseignements de Darwin résume le concept d'adaptation : Si l’environnement est favorable, il n’y a pas de sélection. S’il y a compétition pour les ressources, alors la sélection se manifeste en jouant sur les variations. La sélection résulte de la capacité à s'adapter».

Cet impétueux paléoanthropologue a même pris le parti de transposer les théories de DARWIN à la sphère de l'entreprise dans un ouvrage intitulé "Un paléoanthropologue dans l'entreprise". 

Selon Pascal Picq, pour réussir à évoluer dans un nouvel écosystème, l'entreprise doit se baser sur des innovations de ruptures et sur une culture créative de "collaborateurs chercheurs",  articulée autour d’une approche essai/erreur et d’une culture de l’émergence. Entre d'autres termes, l'entreprise "darwinienne" est représentée par des collaborateurs disposant d'une mixité de profils, de méthodologies et de culture de travail variées. Les particularités des entreprises darwiniennes, majoritairement présentes aux Etats-Unis, se développent sur des expérimentations et sur des approches pédagogiques de l'erreur. L'erreur est considérée comme une information et non comme un échec... 

A mon sens, l'enjeu pour les entreprises actuelles est de favoriser l'émergence de projet entre les collaborateurs sous forme d'expérimentations et de favoriser la démarche de tests au sein des organisations. Encore aujourd'hui, la culture de l'entrepreneuriat français est fortement marquée par le dogme de la conformité et de la faible liberté d'initiative donnée aux collaborateurs. 


Concevoir un processus d'apprentissage permanent, comme solution pour s'adapter ?

Dans l'économie de la connaissance dans laquelle nous évoluons, les entreprises deviennent des organismes apprenants, des organisations humaines (entreprise, administration, etc.) qui mettent en œuvre un ensemble de pratiques et de dispositions pour rester en phase avec leur écosystème. 


Les technologies du web alimentent cet écosystème, pour permettre à l'entreprise de s'équiper, de communiquer et de former leurs collaborateurs à partir de systèmes automatisés de formation. Pour développer la connaissance et les compétences de leurs membres, les entreprises développent de plus en plus des mécanismes d'apprentissage temporaires, couramment appelés "plans de formation". 

Néanmoins, certaines entreprises ont investi dans la création d'outils de formation tels que les formations en ligne, collectives et ouvertes en tout temps, en tous lieux, à tous les collaborateurs internes. Le phénomène des MOOC conduit également les entreprises à investir dans des dispositifs mixtes, où chaque collaborateur dispose d'une offre élargie de formations, accessibles à tous les salariés, quelque soit la durée de leur contrat de travail.

Le collaborateur devient ainsi acteur de son propre développement et de son adaptation aux évolutions technologiques et systémiques.

Toutes ces solutions sont pertinentes pour des entreprises, disposant de moyens financiers conséquents et de sous-traitants pour concevoir leurs propres outils d'autoformation à partir de plateformes très performantes. 

Pour les plus modestes, l'enjeu consiste à faire évoluer leur organisation et à concevoir leur propre système d'apprentissage en se basant sur des ressources internes existantes et sur ce que peut également fournir le web en libre accès ou sous abonnement. 

L'objectif pour les entreprises, ne disposant pas des moyens humains et financiers conséquents pour adapter leur système de formation interne, à de nouveaux formats automatisés et aux exigences de la nouvelle économie, est de se concentrer sur la transmission culturelle entre les collaborateurs et de faciliter l'émergence d'idées créatrices de valeur, à travers des activités collaboratives (ex: mise en place d'ateliers de brainstorming ou échanges de pratiques ou de connaissances, formalisation de processus interne, création de tutoriels vidéos etc...).  


Conseil pour évoluer progressivement vers un apprentissage permanent...

Le processus d'apprentissage devient permanent dès que l'entreprise considère que le plan de formation n'est plus organisé sur la base d'événements (au sens journée de formation). Les membres de l'organisation disposent d'une certaine autonomie à se former et former leurs collègues. Ils disposent d'un temps pour apprendre au sein de l'entreprise. Ex: un collaborateur informe qu'il propose de former ses collègues sur une thématique utile à l'entreprise et il propose ponctuellement une formation, une information, un atelier de brainstorming sur des sujets qu'il maîtrise ou sur un projet, sans que cela fasse l'objet d'une autorisation. Cette démarche est au préalable intégrée dans le système de formation interne.  

De ce fait, l'apprentissage devient permanent. Il suffit que les responsables admettent que chaque membre de ce système dispose d'une compétence ou de connaissances pouvant être utiles et pertinentes pour faire émerger de nouvelles idées ou pour améliorer le fonctionnement de l'entreprise.   

Du coup, l'entreprise développera au fur et à mesure une organisation favorisant la prise d'initiative, la libre circulation des idées et le partage de connaissances... car une entreprise voulant répondre aux enjeux actuels, la clé est l'adaptabilité.







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